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G.M. :
On voit se développer de plus en plus de sports de nouvelle glisse tels que le snowboard, le surf. Comment vous avez vécu cette évolution du ski?
F.M. :
Avant le snowboard, il y a eu le monoski. De tous temps les jeunes et principalement les jeunes qui sont sortis de la compétition et qui n'ont pas forcément réussi à un plus haut niveau, viennent pour se retrouver et créer leur propre type de glisse. Donc le snowboard, qui existe maintenant depuis pas mal de temps, s'est fait un bon créneau même si il a tendance à stagner maintenant avec la percée des nouveaux skis paraboliques qui redonnent beaucoup de sensations au ski. Il y a toute une frange d'adolescents particulièrement qui, parce que c'est une nouvelle façon d'appréhender la neige, le ski, enfin la glisse, se donnent des codes à eux. Mais ça existe aussi dans le vélo, dans le VTT avec tout ce qui s'est créé. Ca fait partie d'une évolution normale où les jeunes essayent tout ce qui peut glisser sur la neige.

G.M. :
Le type d'élèves est-il différent selon les disciplines?
F.M. :
Bien sûr. Selon les tranches d'âge et suivant les aspirations. Toutes les nouvelles glisses touchent généralement des adolescents ou de jeunes adultes. Le snowboard maintenant s'est même un peu rajeuni mais avant c'était la tranche d'âge 15-20-25 ans. Maintenant on a des jeunes adolescents puisque même dans les stations, dans les clubs de snowboards, ils font aussi de la compétition, ils font ces nouvelles disciplines qui sont dans les snowparks aménagés ou dans les halfpipe ( ?). Pour le ski alpin, on a soit la clientèle de loisir qui vient là pour apprendre, pour profiter de la montagne, pour glisser, qui ont envie d'apprécier le temps sans souci de performance, uniquement de manière à se détendre, à faire du sport et tous ces aspects par rapport au décor. On a des gens qui sont plus performants, qui ont envie de faire du hors-piste, qui ont envie de faire du ski plus sportif, qui sont plus accrocs, plus affûtés physiquement. Car le ski est quand même un sport physique. On a des gens qui font le ski de fond, les débutants sont ceux, qui généralement sont venus au ski tard, qui veulent profiter aussi de la nature mais sans prendre de risques, qui ont envie de se balader, qui n'ont pas de motivation de descendre des pentes plus difficiles mais tout simplement de se balader et de se détendre.
G.M. :
Adoptez-vous la même pédagogie avec les skieurs débutants et les skieurs confirmés?
F.M. :
Au niveau technique c'est une évolution. Les gens confirmés ont déjà une bonne base, il faut les affiner dans leurs techniques puisque ça devient plus pointu mais ça passe toujours par la pratique, il y a toujours un temps d'apprentissage, il faut laisser aux gens le temps d'assimiler ou de synchroniser ce qu'ils ont appris. Les débutants ont envie d’acquérir de la technique mais il faut qu'ils découvrent ces sensations de glisse. Il est nécessaire d’être moins exigeant avec eux au départ, il faut qu'ils trouvent leur équilibre, psychologiquement qu'ils se décontractent. C’est important de les faire glisser, de leur donner de la confiance et surtout beaucoup de plaisir parce que le ski c'est d'abord du plaisir.
G.M. :
La sécurité est un aspect essentiel du métier. Comment abordez-vous ce point là avec vos élèves?
F.M. :
Depuis le plus jeune âge, et on insiste beaucoup maintenant sur ça, les enfants doivent être déjà, au niveau sécurité bien couverts, bien habillés de manière à ne pas se laisser affaiblir par le froid. Il y a une dépense d'énergie donc il faut qu'ils gardent un peu la pêche, même si c'est une petite barre de chocolat dans la poche, on fait une petite halte de manière à ce qu'ils puissent manger, surtout boire, en montagne plus l'altitude est haute, plus il faut boire.
Ensuite pour la discipline dans le groupe, disons qu'il faut garder des écarts, il faut écouter pour éviter de se rentrer dedans, il faut skier à la même vitesse, il faut, lorsqu'on skie en groupe, respecter les espaces entre skieurs, si quelqu'un tombe, ne pas le laisser. Il y a vraiment toute une progression à faire: qu'ils aient des lunettes de soleil, de la crème pour se protéger. Depuis le plus jeune âge, on leur inculque de ne pas s'arrêter au milieu de la piste, derrière une bosse, qu'ils skient à leur niveau et pas plus vite, qu'ils skient en contrôle. C'est continu.
Et après par rapport aux éléments extérieurs: qu'ils respectent les balises, qu'ils descendent les pistes qui correspondent à leur niveau, qu'il ne partent pas tout seul n'importe où. On a toute une suite de recommandations.
D’ailleurs, les écoles du ski français ont édité un petit livre à l’intention des enfants qui s’appelle La montagne ça s’apprend pour les vacances cool, où on a fait trois tranches d’âge où pour chaque tranche, on a des conseils appropriés : « les pitchounes » de 3 à 7 ans, les « débrouillés », de 8 à 12 ans. Et on a fait ce qu’on appelle les riders pour les plus de 13 ans, les skieurs de bon niveau qui eux découvrent, les magazines, les choses un peu extrêmes. Ils ont envie de faire des choses mais sans toujours bien mesurer les dangers et sans réfléchir sur les difficultés que ça représente, donc de manière à faire beaucoup de prévention et à les protéger, on fait de la prévention active et pas passive, ne pas leur dire : « Ah non tu n’y vas pas ! » mais leur dire : « Ok tu peux y aller mais si tu as le niveau, si tu es sûr de ça. » puisqu’on essaye de donner de l’autonomie, l’éducation est faite pour ça.
G.M. :
Comment faites-vous face aux aléas de l’enneigement ?
F.M. :
Les plus grandes stations voir les moyennes stations ont pris des dispositions maintenant avec la neige de culture qui assure le déficit ou la base en début de saison pour la neige naturelle. Généralement on est couvert même si on n’a pas 100% du domaine ouvert. Donc une année de pénurie, ce qui a été un peu le cas de l’hiver dernier, toutes les stations peuvent offrir quand même un ski de piste tout à fait correct.

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