G.M.
: |
Quels
sont les risques du métier ? |
F.M.
: |
C’est d’être toujours attentif
lorsqu’on skie en groupe et c’est aussi de savoir
les gens avec qui l’on est, ce qu’ils attendent de
nous. On leur fixe un objectif, jusqu’où on peut
les emmener, savoir si ce sont des skieurs uniquement de découverte,
de loisir ou autres ou si ce sont des gens à vocation plus
sportive qui ont envie de mettre la barre plus haut. C’est
toujours bien donner des consignes, être sûr qu’ils
ont bien compris. Et je dirais, savoir sentir lorsqu’ils
fatiguent, lorsque l’on doit les arrêter, et puis
ne pas trop les lasser non plus avec de la technique mais toujours
amener une petite touche de manière à ce qu’ils
sentent qu’ils peuvent aller plus loin. Et plus il progressent
en technique, moins ils se fatiguent et plus ils augmentent leur
plaisir. Donc, c’est aussi important. Et leur servir un
peu de guide aussi, leur expliquer la montagne, le ski ce n’est
pas uniquement les remontées mécaniques, du haut
de la piste et en bas. Il y a un environnement, il y a quand même
toute une histoire. Il faut sortir les gens un peu de leur milieu
pour leur faire découvrir cette vie en montagne, cette
activité. Ils sont toujours très curieux de savoir
comment on vit, de quoi on dépend car on est des professions
quand même un peu atypiques.
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G.M.
: |
Que
pensez-vous des sports extrêmes directement exposés
au risque ? |
F.M.
: |
Comme tous les sports extrêmes, il
y a une part de risque, il y a une part d’engagement à
prendre. Donc, ces sports extrêmes, c’est ce qui fait
avancer les choses. A partir du moment où c’est fait
par des gens qui ont un niveau technique et qui savent apprécier
le risque, ça fait partie de la vie. Tout le monde aime
s’engager à un moment donné. Il faut savoir
jusqu’où on peut aller et si on est prêt pour
le faire. A priori, on n’est pas contre. Par contre, il
faut faire très attention, car les gens qui font généralement
des exploits, même si on les critique de temps en temps,
ce ne sont pas les plus dangereux, eux savent ce qu’ils
font, ils s’engagent personnellement, ce sont des gens qui
ont pensé, qui ont réfléchi. Ce qui me fait
plus peur, c’est un peu ces jeunes qui découvrent,
ils se laissent déborder par ça. On voit la Formule
1, les gens qui font des courses de moto, qui sont pointus, ne
sont pas des motards du dimanche. La frange est très large.
A partir du moment où on est conscient de ce qu’on
fait, je ne suis pas contre. |
G.M.
: |
Pratiquez-vous
un autre métier en dehors de la saison de ski ? |
F.M.
: |
Avant oui, mais maintenant, avec l’école
de ski, je suis vice-président national des écoles
de ski français, ce qui me prend toute l’année.
Mais au préalable, j’ai travaillé 20 ans dans
un bureau d’études d’architecture. J’arrivais
à faire au départ 4 mois de ski, 6 mois de bureau
d’études et progressivement, le ski a tout pris. |
G.M.
: |
Est-il
donc nécessaire d’exercer un métier complémentaire
à celui de moniteur de ski ? |
F.M.
: |
Disons que le métier de moniteur est
un métier de travailleur indépendant. Je vois, dans
mon école, j'ai des moniteurs plein temps mais j'ai aussi
des moniteurs temporaires qui ont d'autres activités et
qui viennent enseigner une partie de l'hiver, particulièrement
pendant les vacances scolaires
En montagne, la plupart des professionnels ou les gens qui habitent
en montagne sont plus réactifs à deux ou trois métiers.
On vit avec les saisons et avec le tourisme. On n’est pas
comme dans l’industrie ou l’administration. Il y a
des points hauts et des points bas, beaucoup ont une activité
d’hiver, une activité saison d’été
et puis une activité intersaison. Tout ça est d’ailleurs
compliqué à gérer puisque les statuts sont
très différents. On peut être travailleur
indépendant l’hiver, pendant l’été
ou salarié à l’intersaison. Beaucoup ont plusieurs
activités. Il y a une très grande polyvalence :
beaucoup de moniteurs sont artisans, commerçants l’été
ou tiennent des campings, certains sont profs d’autres activités
sportives. C’est vraiment la pluriactivité.
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G.M.
: |
Quels
conseils donneriez-vous aux jeunes gens qui souhaitent se lancer
dans ce métier ? |
F.M.
: |
Il ne faut pas rentrer dans le métier
par défaut. Il faut qu’il y ait une réelle
motivation par la montagne, le ski et cet échange, celui
de faire passer leur savoir. On a un pourcentage de clientèle
étrangère très important. Il faut donc qu’ils
se perfectionnent au niveau des langues. Qu’ils soient polyvalents,
de manière à pouvoir ouvrir leurs possibilités
d’enseignement, puisqu’il y a beaucoup de formes de
ski. Et dans les grandes stations maintenant, je vois nous, au
mois de janvier à Chamonix, excepté les classes
de neige ou le ski scolaire, à 80% nos cours sont en anglais.
On a aussi, pendant la période de Noël-Nouvel an,
beaucoup d’italiens, puisque c’est à proximité,
on a des japonais et maintenant un renfort de clientèle
russe important depuis 17 ans en début de saison. Dans
des stations, il y a beaucoup de hollandais, des allemands aussi.
Il faut avoir dans son école des moniteurs polyglottes,
de manière à pouvoir donner satisfaction à
tous les créneaux.
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